11.11.2004

Après l'hommage de la France, la dépouille mortelle de Yasser Arafat est partie pour Le Caire

La mort de Yasser Arafat avait été annoncée en milieu de nuit, jeudi, à Ramallah (Cisjordanie) par le secrétaire de la présidence palestinienne, Tayeb Abdelrahim. Peu après, le porte-parole du service de santé des armées françaises confirmait le décès par un bref communiqué lu devant l'hôpital Percy de Clamart, en banlieue parisienne, où le leader palestinien était soigné.



L'avion officiel français transportant la dépouille mortelle du président palestinien, Yasser Arafat, a quitté jeudi à 17 h 35 la base aérienne militaire de Villacoublay, à l'ouest de Paris, à destination du Caire. Auparavant, une cérémonie officielle en hommage à Yasser Arafat s'est tenue jeudi en présence du premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, sur la base militaire de Villacoublay. M. Raffarin a présidé, sous un ciel gris et froid, cet hommage d'une vingtaine de minutes rendu sur le tarmac de l'aéroport. A ses côtés, outre Souha Arafat, plusieurs de ses proches, le ministre des affaires étrangères français, Michel Barnier, son homologue palestinien, Nabil Chaath, le président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, des représentants de la société civile comme le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, ou l'évêque catholique Jacques Gaillot.

Le cercueil, recouvert du drapeau quadricolore palestinien, a été porté à pas lents par huit soldats de l'armée de terre, au son de la Marche funèbre de Chopin, alors que les gardes républicains en grande tenue rendaient les honneurs.

Il est passé devant les personnalités rassemblées non loin de l'Airbus A319 de l'armée de l'air. La base militaire avait été décorée des drapeaux français et palestinien descendus à mi-mât.

La fanfare de la garde républicaine a joué l'hymne palestinien puis la Marseillaise. Aucune déclaration n'a été faite pendant la brève cérémonie.

Le cercueil a ensuite été placé sur une rampe inclinée roulante permettant l'accès à la soute de l'appareil. Souha Arafat a alors rejoint, accompagnée de MM. Raffarin et Barnier, un salon d'honneur dans l'aéroport, où elle est restée une vingtaine de minutes. Puis, vers 17 h 15, elle a été accompagnée en bus vers l'avion par le commandant de la base, le colonel Vincent Tesnières.

De nombreux Palestiniens s'étaient rassemblés à l'extérieur de l'aéroport. Egalement présents à la cérémonie, la déléguée générale de la Palestine en France, Leïla Chahid - qui n'a pas embarqué dans l'Airbus - ou l'ex-ministre dess affaires étrangères Roland Dumas.

Le Falcon 900 transportant le ministre des affaires étrangères français a quitté en premier la base, suivi de l'Airbus transportant le corps du président de l'Autorité palestinienne.

En fin de matinée, le président Jacques Chirac s'est incliné à l'hôpital Percy sur la dépouille mortelle. "Je suis venu m'incliner devant le président Yasser Arafat et lui rendre un dernier hommage", a-t-il déclaré, adressant "au peuple palestinien et à ses représentants un message d'amitié et de solidarité". Il s'est recueilli durant vingt-cinq minutes devant la dépouille mortelle de Yasser Arafat et a présenté ses condoléances en embrassant Souha Arafat ainsi que Leïla Chahid. Avant de quitter l'hôpital, il a ajouté que la France "continuera à agir inlassablement pour la paix et la sécurité au Proche-Orient, (...) dans le respect des droits des peuples palestinien et israélien".

MORT À 3 H 30

La mort de Yasser Arafat avait été annoncée en milieu de nuit à Ramallah (Cisjordanie) par le secrétaire de la présidence palestinienne, Tayeb Abdelrahim. Peu après, le porte-parole du service de santé des armées françaises confirmait le décès par un bref communiqué lu devant l'hôpital.

"Monsieur Yasser Arafat, président de l'Autorité palestinienne, est décédé à l'hôpital d'instruction des armées Percy, à Clamart, le 11 novembre 2004 à 3 h 30", a déclaré le médecin-général Christian Estripeau. Ces déclarations n'ont pas fait état des causes exactes de la mort du dirigeant historique des Palestiniens. M. Arafat avait été hospitalisé le 29 octobre "pour une importante altération de l'état général et des anomalies sanguines", avaient simplement indiqué les communiqués officiels.

Ses quatorze jours d'hospitalisation ont été marqués par plusieurs annonces de son décès, immédiatement démenties par les autorités françaises et par les dirigeants palestiniens. Plusieurs des principaux dirigeants de l'Autorité palestinienne, dont le premier ministre, Ahmed Qoreï, s'étaient rendus cette semaine à son chevet.

Jeudi, en fin de matinée, plusieurs centaines de sympathisants de la cause palestinienne, certains la tête couverte du keffieh noir et blanc rendu célèbre par Arafat, s'étaient rassemblés devant l'hôpital Percy, entonnant notamment des chants nationalistes palestiniens.

Les obsèques de M. Arafat se dérouleront vendredi en présence de nombreux dirigeants du monde entier, au Caire.

Yasser Arafat sera ensuite inhumé dans son quartier général de la Mouqata'a, à Ramallah, où il vivait reclus depuis trois ans, pratiquement assiégé par l'armée israélienne.

Le président du Parlement palestinien, Raouhi Fatouh, assurera la présidence de l'Autorité palestinienne pendant soixante jours. Le numéro deux de la direction palestinienne, Mahmoud Abbas, a été nommé chef de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le chef du bureau politique de l'OLP, Farouk Qaddoumi, a été désigné chef du Fatah, l'organisation créée au début des années 1960 par Yasser Arafat.

VŒUX DE PAIX

Les dirigeants du monde entier ont émis le souhait de voir les relations entre Palestiniens et Israéliens évoluer vers la paix. Le président américain, George W. Bush, a espéré "que l'avenir apportera la paix et la concrétisation" des aspirations des Palestiniens "à une Palestine indépendante, démocratique qui soit en paix avec ses voisins".

Le premier ministre israélien, Ariel Sharon, a estimé que la mort de son ennemi personnel "peut marquer un tournant historique pour le Proche-Orient". Il a espéré "que la nouvelle direction palestinienne qui va lui succéder comprendra que des progrès dans les relations avec Israël et les solutions des problèmes passent avant tout par une guerre contre le terrorisme".

Dès l'annonce du décès, les drapeaux palestiniens ont été mis en berne, et un deuil de quarante jours a été décrété dans les territoires palestiniens, qu'Israël a fait immédiatement boucler par ses forces de sécurité.


LE MONDE avec AFP